Trois chercheurs du laboratoire CNRS de Chizé (79) sont venus au zoo Marineland pour un projet pilote de préservation des manchots qui nécessite de fixer avec précautions un microsonar miniaturisé sur le dos de l’oiseau partant en mer. L’emplacement idéal de l’appareil spécialement conçu pour cette recherche a pu être identifié grâce aux manchots royaux du zoo Marineland. Ces tests préliminaires en milieu zoologique sont une étape essentielle avant une expérimentation grandeur nature aux îles Kerguelen en février 2023.
Avec l’aide des universités d’Aarhus (Danemark) et Saint-Andrews (Ecosse), une unité de Recherche française du CNRS (CEBC-CNRS UMR 7372) a développé une balise de haute technologie, destinée à être déployée sur plusieurs espèces d’oiseaux et mammifères marins, tous prédateurs-plongeurs. L’objectif principal du projet est de mieux comprendre les relations proies-prédateurs. Les balises déployées en début d’année prochaine sur les manchots royaux aux îles Kerguelen permettront de collecter des informations sur le type de proies, de mieux savoir comment les manchots les détectent, d’évaluer la densité du banc autour du prédateur en plongée… Ces données aideront à déterminer les besoins biologiques de ces manchots capables de descendre à plus de 300 m de profondeur en totale obscurité. La collecte de ces données inédites, autant sur les proies que leurs prédateurs, sont essentielles pour mieux préserver les manchots.
Déterminer l’emplacement idéal pour la balise
Les 29 et 30 septembre 2022, Charles-André Bost, directeur du Centre d'Etudes Biologiques de Chizé (CEBC), Mathilde Chevallay et Yann Meheust, 2 doctorants de ce laboratoire du CNRS sont venus tester cette balise high-tech auprès des manchots royaux de Marineland. L’objectif des tests menés à Marineland était de trouver le meilleur emplacement possible pour le microsonar pour obtenir des données fiables sans perturber l’animal dans ses mouvements. C’est une zone en bas du dos qui a été sélectionnée pour le peu de turbulences créées lorsque les manchots évoluent dans l’eau. Trois essais ont été suffisants pour avoir la confirmation de l’emplacement idéal. La mise en place de la balise a, chaque fois, duré moins de 5 minutes avec une méthode de fixation éprouvée depuis de nombreuses années. Du scotch marin est glissé sous des zones restreintes de plumes. Lors du retrait du scotch les plumes sont intactes, critère essentiel des chercheurs et des équipes de soigneurs oiseaux marins de Marineland pour veiller au bien-être des manchots. Cette phase expérimentale s’est déroulée à Antarctica, un espace de Marineland, maintenu à 11 degrés, toute l’année et qui héberge plusieurs générations de manchots royaux et de gorfous-sauteurs.
Jean Chaperon, le capacitaire oiseaux marins de Marineland qui accueilli et aidé les chercheurs : « Cela a été un plaisir d’avoir ces scientifiques présents pendant 2 jours. Nous avons longuement échangé sur ces animaux aux compétences hors du commun. L’équipe a pu faire connaissance avec les jeunes de l’année des deux espèces toujours curieux de ce qui se passe dans leur environnement. Ces tests peaufinés en structure zoologique ont donc été très concluants et serviront désormais les manchots des îles sub-antarctiques. Il s’agit d’un bel exemple de coopération entre la recherche en zoo et en milieu naturel ! »
Le Centre d'Etudes Biologiques de Chizé (CNRS - Université La Rochelle, Unité mixte de Recherche 7372) a pour vocation première de comprendre comment les espèces s’adaptent – ou disparaissent – face aux changements naturels, ou induits par l’usage que fait l’homme de la nature. Le CNRS mène des études sur diverses espèces de manchots depuis plusieurs dizaines d’années.