Chaque année, les oiseaux vivent une ou deux périodes de mue afin de compenser l’usure du plumage et d’en restaurer les propriétés : meilleur portance pour le vol, isolation thermique, imperméabilité, flottabilité, mimétisme et attractivité.
Les 18 espèces de manchots n’ont bien sûr pas besoin de changer de plumes pour mieux voler puisque qu’ils ne volent pas ! Par contre, leurs plumes jouent un rôle essentiel dans l’isolation thermique. Les oiseaux sont des animaux homéothermes, c’est-à-dire qu’ils doivent maintenir leur température interne constante. Le défi des manchots, qui pour un grand nombre nagent dans des eaux froides, est de maintenir cette température entre 37,8 et 38,9°C. C’est sans doute pourquoi, ils présentent, parmi toutes les espèces d’oiseaux, la plus grande densité de plumes au centimètre carré. Celles-ci sont courtes et larges. Elles se chevauchent et rendent le plumage quasiment impénétrable au vent et à l’eau.
Sous cette couche dense de plumes, il y a en plus un duvet qui permet de piéger de l’air (excellent isolant) afin de renforcer encore l’isolation thermique. C’est pourquoi, lors du déplacement sous l’eau des manchots, il y a de nombreux chapelets de bulles d’air qui, sous l’effet de la pression, s’échappent du plumage. Une fois revenu à la surface ou sorti de l’eau, l’oiseau réorganise son plumage, le lustre, le lisse et y fait, à nouveau, pénétrer de l’air. Pour l’imperméabiliser, il va utiliser son bec et ses ailes transformées en nageoires afin de récupérer à la base de son dos une substance huileuse produite par la glande uropygienne.
Malgré le soin apporté au plumage, après un an, celui-ci n’est plus étanche ni isolant. Il est temps d’en changer. Pendant les 4 semaines de mue, le manchot ne pourra pas aller chasser en mer et devra vivre sur ses réserves de graisse et de protéines. Cette période est souvent critique car elle implique une grande dépense énergétique. A la fin de la mue, l’animal aura perdu presque la moitié de son poids.
La mue des manchots ne se passe pas à la même saison pour toutes les espèces. A Marineland, ce sont les manchots royaux qui « ouvrent le bal » entre février et avril. Ils entrent en mue juste avant la période des amours afin d’augmenter leur attractivité vis-à-vis de leur partenaire. Les manchots de Humboldt, eux, muent en été et les gorfous sauteurs, à la fin de l’année.
Chez la plupart des oiseaux, la mue se déroule en deux étapes : d’abord la perte des plumes usées puis la repousse des nouvelles plumes. Chez les manchots, ces deux étapes se superposent. Les nouvelles et vieilles plumes cohabitent quelques temps ce qui confère une drôle d’allure aux manchots royaux en cette période…